Tauris
Magnifique témoignage de la campagne de Russie que ce tableau de Napoléon monté sur "le Tauris", le 21 août 1812 sur les hauteurs à droite de Smolensk
D'après Albrecht Adam,
- le TAURIS -
Entier arabe. Gris pommelé, argenté, tous crins - 1,47 m. Acheté par M. Laravine en Russie le 1er septembre 1809, payé 700 roubles. Entré à l'Équipage de selle le 31 décembre 1809, à l'âge de 7 ans, il fait partie des chevaux en route pour Dresde le 1er mars 1812. Lors de la campagne de Russie, il est monté par Napoléon à Koenigsberg, les 12-13 et 15 juin 1812. Le 17, il visite le port de Wehlau. À Gloubokoié, le 20 juillet à 4 h de l'après-midi, visite des fours et du parc d'artillerie de la Garde. Le 3 août à 7 h du soir, visite de la manutention à Vitebsk.
Le 21 août, il assiste à la revue des deux divisions du prince Poniatowski à Smolensk. Il mène l'Empereur lors du départ de Viazma à 9 h du matin, le 31 août à Moscou. Le 8 septembre 1812 à 10 h du matin, le lendemain de la bataille de la Moskova, l'Empereur parcourt plusieurs fois le champ de bataille, traverse le village de Borodino et arrive à Ukarino, à 6 h et demie du soir. Le 16 septembre, Moscou s'embrase. À 5 h et demie du soir, Napoléon se rend du pont de pierre, prend la route de Mojaïsk au milieu de l'incendie, repasse la rivière à une lieue de la ville pour se rendre au Palais de Pétrovskoié où il arrive à 7 h et demie du soir.
Le 9 octobre à 1 h de l'après-midi, il mène l'Empereur de la porte de Kalouga pour une reconnaissance et rentre à 5 h du soir par la porte de Mojaïsk. Le 25 octobre 1812, sur la route de Kalouga, sa fougue sauve la vie de son maître lors d'un guet-apens dressé par les cosaques dans les neiges de l'Ukraine. Avec lui l'Empereur passe la Bérézina vers 11 h du soir, le 27 novembre 1812. Dans la nuit qui suivit, le thermomètre descend à - 30°.
Il participe aussi à la campagne de Saxe, à Dresde en août 1813 et à Leipzig en octobre de la même année. Napoléon le monte durant la campagne de France en février-mars 1814. Emmené par l'Empereur en avril 1814. Ramené de l'île d'Elbe, il retourne à l'Équipage de selle le 20 mars 1815 sous le même nom avec le n° 1628. Il porte l'Aigle de Golfe-Juan à Paris. Présent à Mont-Saint-Jean lors de la bataille de Waterloo, le 18 juin 1815.
À la Malmaison le 29 juin 1815, l'Empereur le confie aux soins de M le baron de Montaran, un de ses écuyers et aussi propriétaire d'un lieu de retraite pour les chevaux de Sa Majesté.
Frédéric Masson nous dit que M. le baron l'emmène chaque matin pour une promenade autour de la colonne de la Grande Armée, mais cela semble peu probable. M. de Montaran amène "le Tauris" dans sa terre de Brazeux (commune de Vert-le-Grand, près de Corbeil dans l'Essonne) qui se trouve à plus de trente kilomètres de Paris, rendant quasiment impossible la réalisation d'une telle promenade quotidienne. On ne doute pas qu'ils le firent au moins une fois, mais pas chaque jour. Ce vétéran, au passé prestigieux, vécu plus de vingt ans en compagnie de congénères tout aussi célèbres que lui, tel que le Cascaret de M. le duc d'Orléans et de l'Étoile jument de la duchesse d'Angoulême.
À sa mort, "le Tauris" est enterré au lieu-dit "Le Cimetière aux chevaux' dans le domaine de Brazeux et une partie de sa peau aurait été utilisée pour servir de sous-mains sur le bureau de M. le baron de Montaran.