Géricault

un destin lié au cheval

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Né le 26 septembre 1791 à Rouen, mort à Paris le 26 janvier 1824, Théodore Géricault issu d’une famille bourgeoise royaliste, il suit ses parents qui s’installent à Paris en 1796.
Là, il entre au lycée, mais les études ne l’intéressent guère ; il n’a que deux passions : l’art et le cheval. Sa mère meurt en 1808, et grâce à son héritage, le jeune Théodore, entre dans l’atelier de Carle Vernet (1758-1836) peintre spécialisé dans l’étude des chevaux.
Il se lie avec le fils du maître, Horace Vernet. En 1810, il quitte l’atelier pour se joindre à celui de Pierre-Narcisse Guérin, maître de l’école néo-classique, puis le 5 février 1811 à l’école des Beaux-arts de Paris.
Il présente au Salon de 1812 une peinture équestre qui fait sensation, il remporte même une médaille. Mais le Salon suivant ne lui apporte que déceptions : ses œuvres passent inaperçues.

 

 

En 1814, il suit le roi  Louis XVIII en fuite à Gand. Après avoir échoué au concours du Prix de Rome en 1816, il voyage en Italie, découvre les peintres de la Renaissance italienne, Michel-Ange, Raphaël et le peintre flamand Rubens. De retour à Paris, il s’installe rue des Martyrs, pas loin de son ami Horace Vernet, et prépare une  œuvre.  Œuvre monumentale : le radeau de la Méduse, qui sera présentée au Salon de 1819.
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Le Radeau de la Méduse
1819 (Louvre, Paris)
L’œuvre montre avec réalisme, particulièrement dans l’expression de l’agonie, les survivants du naufrage du navire la Méduse entassés sur un radeau. Bien que controversée, cette toile eut un grand succès et Géricault eut une médaille.
D’avril 1820 à novembre 1821, Géricault organise une exposition itinérante en Angleterre, en compagnie de son ami Charlet , un lithographe qui l’initiera à cette technique. En Grande -Bretagne, il pratique l’équitation et prend pour thème essentiel le cheval.

 

Il peint les courses de chevaux (le derby d’Epsom - 1821) et fait de nombreux dessins et lithographies d’une puissance extraordinaire évoquant le dur labeur du cheval au travail ainsi que les scènes de la vie quotidienne.
La peinture anglaise l’inspire beaucoup. En novembre 1821, il rend visite au peintre Jacques-Louis David en exil à Bruxelles.
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Officier de Chasseurs à cheval
1812 (Louvre, Paris)
Il rentre à Paris en décembre 1821. Entre 1822 et 1823, Géricault mène une vie désordonnée, dépense de grosses sommes d’argent pour entretenir plusieurs chevaux. Parallèlement à cette vie, son art s’oriente vers les peintures évoquant la souffrance et la mort. Après des visites à la Salpetrière, il peint une série de dix portraits « d’aliénés mentaux ». Cinq toiles subsistent actuellement, comme la monomane du jeu, le kleptomane ou la monomane de l’envie. Ces toiles marquent l’intérêt de l’époque pour l’expression des névroses.

Peu de temps après son retour d’Angleterre, il avait fait une chute de cheval. L’abcès qui s’était formé du côté gauche avait été traité, mais la lésion à la colonne vertébrale est passée inaperçue.
Deux nouveaux accidents entraîneront une aggravation de ses lésions : il s’alite en février 1823 et ne se relèvera jamais.

 

Il meurt le 26 janvier 1824, laissant inachevés de grands projets, restés à l’état d’esquisses, traitant de l’abolition de l’esclavage, l’Inquisition et la traite des Noirs.
Ayant peu exposé de son vivant, Théodore Géricault laisse une œuvre malheureusement dispersée, mais riche et variée, témoignant de sa quête de l’humain. Ses œuvres les plus « dérangeantes » sont des études sur des têtes de suppliciés     (Stockholm), des fragments de membres humains (Musée de Montpellier). Géricault introduit dans la peinture le mouvement, la couleur, et les thèmes réalistes qui permettent de parler, à partir de Delacroix son héritier spirituel, d’une nouvelle école : le romantisme.

 

Le mythe de Géricault

Qui connait l’enfance d’un peintre connait l’enfance de tous les peintres. Raconter que dès ses plus jeunes années, Géricault fut passionné pour le dessin et qu’il couvrait de croquis les marges de sa grammaire. Il passait les récréations et même une bonne partie des études à dessiner tout ce qu’il voyait et tout ce dont il se souvenait. . Les jours de congés il passait son temps au Louvre. Il se glissait dans quelques écuries  pour y dessiner d’après nature du matin au soir. Pendant les vacances, il allait à Rouen ou à Morlaix : là il était toujours avec les chevaux où sur leur dos. Il ne cessait de dessiner que pour galoper, et quand il était las de ses longues courses aux furieuses allures, il se reposait en dessinant les chevaux.
Le meilleur de son temps passé à ses travaux et à ses études, Géricault à vingt et un an n’avait pas encore produit d’œuvres originales, sauf quelques dessins et quelques ébauches. Le Salon de 1812 approchait. Le jeune peintre avait grand désir d’y exposer, mais, hésitait entre les traditions d’école qui l’engageaient à peindre un épisode de l’histoire romaine et entre ses propres  aspirations. On était arrivé à deux mois du Salon, et  Géricault   , n’avait pas encore fait un croquis, lorsqu’une rencontre lui suggéra  l’idée d’un tableau. C’était le jour de la fête de Saint-Cloud, sur la grande route. Un cheval gris, robuste et plein de feu, était attelé à une de ces tapissières. L’ardent animal,  peu accoutumé à traîner pareil équipage, se cabrait furieusement, la sueur aux flancs, l’écume à la bouche et le sang aux yeux. Géricault avait trouvé son sujet. Ce cheval   , c’était le cheval d’armes, monté par un guide ou par un cuirassier.
Aussitôt après la rencontre avec le cheval gris, Géricault rentra chez lui il y fit coup sur coup une vingtaine de croquis. On raconte qu’il fit « Le chasseur chargeant » en moins de 15 jours. Le début de Géricault  fut bien accueilli par le public. Géricault reçu la médaille d’or mais il fut très affecté qu’on ne lui achète pas son tableau.
Mais il continua à travailler. En 1814 il expose «  le  cuirassier » mais tout y est disproportionné.  Géricault fut très affecté de la dureté de la critique. Géricault sombra dans la tristesse et le découragement.  Il n’a que 23 ans. Il se laissa aller à de longues périodes d’inaction et de désespérance. Une liaison avec une de ses amies d’enfance a eu une influence fatale sur toute la vie de Géricault. Puis il partit  à Rome. A son retour il se remit au travail. Il peignit  plusieurs esquisses pour la Course des chevaux  libres   , tableau qui eût  peut- être son chef-d’œuvre mais qui ne le fut jamais.
On connait cette course « des Barberi »qui a lieu pendant le carnaval de Rome. Une vingtaine de petits chevaux barbes, a demi sauvage sont amenés sur la place du Peuple. A  un signal, on lève la barrière qui les retient, et ils s’élancent, nus et libres, le long du Corso.
Il existe trois ébauches pour « La course des chevaux libres ». Les modifications successives que Géricault a fait subir à cette composition permettent de suivre sa pensée créatrice. La première n’est qu’une simple esquisse et qui a la réalité de la photographie. Dans la deuxième les chevaux sont vus de profil, groupés par deux et par trois. Les palefreniers sont nus jusqu’à la ceinture. La troisième les chevaux  ont  gardé le même regroupement mais les palefreniers sont nus. Les spectateurs ont disparus.
Après le non succès du « Radeau de la Méduse » Géricault parti en Angleterre. D'avril 1820 à novembre 1821, Géricault vit en Angleterre où il peint, entre autres, le Derby d'Epsom (musée du Louvre.  A son retour il   voulut  entreprendre deux grands tableaux, mais la sève créatrice n’y été plus.
Malade d’esprit et de corps (sciatique), il n’avait plus ni le goût ni le courage.
A  la fin de sa vie, il se consacre au thème du cheval, qui le passionne depuis le début de sa carrière ; l'animal devient en effet le centre de sa mythologie personnelle, le messager des méditations du peintre sur la passion, la souffrance et la mort. Peu de temps avant sa mort, survenue le 26 janvier 1824, Géricault commence à peindre une série d'études de malades mentaux,  les « fous », qui témoignent de l'intérêt porté par les artistes romantiques à l'expression de la névrose et de l'aliénation. Outre ses peintures à l'huile, il réalise également des lithographies, des sculptures, rares mais remarquables, et des centaines de dessins.

Le cheval même dans la mort

 

 

C’est allant voire une fabrique de pierres artificielles,  que Géricault fit une chute de cheval qui lui sera fatale.
Géricault mourut le 26janvier 1824, il avait 33 ans. Il y avait  déjà 12 ans qu’il avait peint « Le Cuirassier qui charge » et 6 ans qu’il avait peint le « Le radeau de la Méduse ».
Source : » Dieux hommes, et chevaux  »de Henry  Houssaye.
« Géricault » de Denise Aimé-Azan

 

 

 

Géricault et Mazeppa

A seize ans Géricault est un écuyer remarquable, si fanatique qu’il se fait  faire des sortes d’arçons de bois destinés à habituer ses cuisses à garder l’écart et la fermeté nécessaire au contrôle d’une monture –appareil copié d’après le modèle d’un grand écuyer, fort célèbre celui-là  dont il imite aussi la démarche. Ses deux grands hommes à cette époque sont Rubens et Franconi directeur du cirque Olympique. « On peut dire que l’écuyer l’emportait même sur le peintre flamand.

Mais c’est à la fin de l’été qu’il accompli son plus grand exploit : pour revenir de Normandie, il achète un cheval et décide de ne point prendre d’autre moyen de locomotion jusqu’à Paris. Mais peut habituer au métier de postillon, il est forcé de d’aliter à Saint-Germain, brisé et ayant fourbu à mort sa monture.
Cet arrêt en pleine course, c’est l’image même de la vie de Géricault. Ce Mazeppa de dix-sept ans s’est volontairement lié à l’animal fougueux qui le porte.