Alfred De Dreux

et le cheval

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Dans un genre tout spécial, avec de rares qualités d'élégance et de bon ton, Alfred de Dreux s'est fait une place distinguée parmi les artistes [du XIXème siècle. De la date de sa véritable notoriété, jusqu'à sa mort, il a été le peintre de la haute vie dans ce qu'elle a de plus luxueux et de plus attrayant. M. Charles Blanc, dans une remarquable étude qu'il a consacrée à ce maître, a donné sur sa jeunesse quelques détails intimes, propres à révéler les premiers instincts de l'artiste. " Son oncle, M. de Dreux-Dorcy, était, dit-il, le camarade, l'ami le plus intime de Géricault. Dès son enfance, Alfred les avait vus peindre ensemble, puis il avait vu Géricault aller au bois et en revenir élégant, fringant, beau cavalier, et, dans sa jeune tête, ces deux idées, la peinture et le cheval, s'étaient mêlées de façon qu'elles n'en faisaient plus qu'une . Il fréquenta l'atelier de Cogniet et l'on put dès lors apprécier la finesse de touche avec laquelle il savait exprimer toute l'élégance, toute la coquetterie du cheval. Les relations qu'il se créa lui valurent de superbes commandes. Une grande vogue accueillit ses moindres toiles. Les jolies femmes surtout étaient friandes du beau talent de l'artiste gentilhomme. " Elles firent pour lui beaucoup de folies, dit gravement un critique, et il fit pour elles beaucoup de... tableaux. "
Seule au rendez-vous est une de ces pages exceptionnelles où le peintre laissa parler toute sa sensibilité. L'aveu naïvement exprimé dans ce tableau, il le répéta dans d'autres créations de même genre et chaque fois avec des variantes exquises qui trahissaient l'inquiétude du cœur, parfois la souffrance et plus souvent le besoin d'expansion naturel à celui qui aime. . La gravure et la lithographie ont rendu populaires les meilleures créations de de Dreux.

 

 

Alfred De Dreux est le principal représentant du « portrait animalier », ou portrait de groupe avec animaux. Issu d’une famille d’artistes, son père architecte de renom obtient le prix de Rome en 1815 pour le projet de l’école polytechnique, et part s’installer à la Villa Médicis comme pensionnaire, accompagné de sa famille. Durant leur séjour à Rome, ils reçoivent la visite de leur ami Théodore Géricault, dont Alfred De Dreux admire les talents d’artiste et de cavalier hors pair.
En 1823, le jeune Alfred intègre l’atelier du maître, et prend goût à dessiner de robustes chevaux montés par des cuirassiers. Suite à la mort de Géricault en 1824, De Dreux entre dans l’atelier de Léon Cogniet. Il réalise sa première toile en hommage au maître, en exécutant une copie de « Mazeppa ». Il reste dans l’atelier de Cogniet jusqu’en 1831, date à laquelle il devient membre de l’académie des Beaux-Arts et expose pour la première fois au Salon deux toiles « Cheval sautant un fossé » et « Intérieur d'écurie ». Ces deux œuvres rencontrent un grand succès et annoncent une production picturale prolifique. Puis en 1832, il exécute un premier portrait équestre du Duc d'Orléans. Cette année  là , Alfred De Dreux s’intéresse aux chevaux arabes et à l’Orient.
Cette région introduit un sentiment nouveau dans ses tableaux, renforçant le caractère épique de ses scènes équestres. Il réalise de splendides portraits de cavaliers Africains aussi richement parés que leurs montures.

Peintre à l’art noble et brillant, Alfred De Dreux voit sa renommée s’étendre très tôt de la Grande-Bretagne à l’Allemagne, de la Pologne à la Russie et aux Etats Unis.
À partir de 1838, une véritable galerie de portraits équestres d'hommes et de femmes célèbres se crée dans l'effervescence de l'atelier du peintre : le portrait de la comédienne Mademoiselle Doche, celui du Baron Klein, le portrait du jeune Comte de Brémont d'Ars sur son poney, ou de Ranjiit Sting Baadour aujourd'hui conservé au Musée Louvre.
C’est en 1842 qu’il reçoit sa première commande officielle : une représentation du Duc d’Orléans, qui sera récompensée en 1844 d’une médaille de deuxième classe au Salon des Artistes Français. Il va suivre cette même année Louis Philippe en voyage officiel à Londres. À la suite de son séjour, son talent s'affirme et se libère. La composition, l'aisance de ses personnages, le traitement vigoureux des chevaux, les coloris éclaircis des fonds boisés marquent son évolution. Il rapproche l'homme de la nature, et intègre la lumière à la couleur.
Alfred De Dreux participe à l’Exposition Universelle de 1855, et est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1857. L’artiste fait de nombreux voyages en Angleterre entre 1857 et 1858 et est particulièrement attaché au style noble du cheval Anglais. De Dreux parcourt les champs de courses et propose sa propre vision du monde hippique. Il inspirera Degas, collectionneur de dessins et d’estampes de l’artiste, dans sa représentation de scènes de courses.

 

 

Alfred de DREUX
L’élégant
(Paris 1810 - 1860)



Dans un genre tout spécial, avec de rares qualités d'élégance et de bon ton, Alfred de Dreux s'est fait une place distinguée parmi les artistes [du XIXème siècle]. De la date de sa véritable notoriété, jusqu'à sa mort, il a été le peintre de la haute vie dans ce qu'elle a de plus luxueux et de plus attrayant. M. Charles Blanc, dans une remarquable étude qu'il a consacrée à ce maître, a donné sur sa jeunesse quelques détails intimes, propres à révéler les premiers instincts de l'artiste. " Son oncle, M. de Dreux-Dorcy, était, dit-il, le camarade, l'ami le plus intime de Géricault. Dès son enfance, Alfred les avait vus peindre ensemble, puis il avait vu Géricault aller au bois et en revenir élégant, fringant, beau cavalier, et, dans sa jeune tête, ces deux idées, la peinture et le cheval, s'étaient mêlées de façon qu'elles n'en faisaient plus qu'une. Il fréquenta l'atelier de Cogniet et l'on put dès lors apprécier la finesse de touche avec laquelle il savait exprimer toute l'élégance, toute la coquetterie du cheval. Les relations qu'il se créa lui valurent de superbes commandes. Une grande vogue accueillit ses moindres toiles. Les jolies femmes surtout étaient friandes du beau talent de l'artiste gentilhomme. " Elles firent pour lui beaucoup de folies, dit gravement un critique, et il fit pour elles beaucoup de... tableaux. "

Alfred de Dreux
Le  Dandy du cheval

Alfred De Dreux sut, au- delà de l'idéalisation du cheval, le représenter dans sa réalité et dans toutes ses dimensions : seul, tenu en main, monté, en compagnie d'enfants, d'amazones, attelé, ou héros de scènes équestres militaires, quotidiennes, historiques. De Dreux le peint aussi dans le milieu de la chasse à courre et celui des courses, reflétant l'anglomanie de l'époque...
Son œuvre, influencée par la peinture anglaise, le « Sporting art », est aussi le reflet d'une société retrouvant ses valeurs grâce au cheval.
De Dreux n'a cessé de représenter le cheval, que ce soit dans sa vie la plus quotidienne que dans des représentations plus oniriques, orientalistes ou historiques. Il a su magnifier le cheval pour lui même. Mais aussi en l'unissant à un cavalier hors du commun, comme dans ce portrait de « Randjiit-Sing Baadour, roi de Lahore » tableau orientaliste lumineux à la fois par l'allure du cheval et son harnachement et par son cavalier se détachant sur un ciel en camaïeu de bleus se fondant dans le poudroiement jaune du sol, poussière d'ocre aspirée peu à peu par ce ciel.
Chevaux montés ou en liberté, menés par des lads ou sous la selle d'élégantes amazones, portraits équestres, scènes de course, de chasse à courre, d'attelage, enfants posant aux côtés de leurs poneys... Tout le monde équestre est ainsi valorisé par « la touche légère et précise du pinceau » d'Alfred De Dreux.