Boulanger

et

Mazeppa

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Louis-Candide Boulanger, né le 11 mars 1806 à Verceil dans le Piémont et mort à Dijon le 7 mars 1867, est un peintre, graveur, et illustrateur romantique français.
Biographie

Louis Boulanger s'inscrit en1821à l’Ecole des beaux-arts de Paris, , où il fréquente l'atelier de Guillaume Guillon Lethière et reçoit une solide formation classique. Il ne fait ensuite qu'une présentation au prix de Rome, en 1824, à laquelle il finit logiste. Il devient le compagnon d’Eugène Devéria et un intime de  Victor Hugo ainsi que des différents cénacles romantiques parisiens, fait décisif pour sa carrière. Il fréquente l'atelier La Childebert, au no 9 rue Childebert à Paris, où Lethière à son académie2.
Il connait un grand succès au Salon de 1827 grâce à son Supplice de Mazeppa(Rouen, musée des beaux-arts), (médaillé à l'occasion d'un Salon exceptionnel pour la nouvelle école, qui présente également La Naissance d'Henri IV d'Eugène Devéria et La Mort de Sardapale d’Eugène Delacroix.. Mais ce succès n'aura pas de lendemain dans la carrière du peintre. Il fait en outre le portrait de nombreuses personnalités de l'époque, dont Balzac en robe de moine (musée des beaux-arts de Tours) reste l'exemple le plus célèbre. On trouve également plusieurs œuvres de Louis Boulanger conservées à la maison de Victor Hugo de la place des Vosges à Paris.
On retient de sa production d'illustrateur plusieurs ouvrages romantiques de Victor Hugo et d'Alexandre Dumas, ainsi qu'une série d'étranges lithographies aux thèmes fantastiques que l'on a coutume de rattacher à la veine ésotérique qu'exploitent certains artistes de cette période. La Ronde du Sabbat de Louis Boulanger est à elle seule l'icône de cette tendance encore fort mal étudiée.
En 1860, Louis Boulanger succède à Alexis Pérignon au poste de Directeur de l'École Impériale des Beaux-Arts de Dijon, ainsi qu'au poste de Directeur du Musée des Beaux-Arts de la même ville, que son prédécesseur occupait également. Il assurera ses fonctions jusqu'à sa mort.

 

Le supplice de Mazeppa

 

Louis Boulanger
(1806 - 1867) | 835.3
Date : 1827 | Technique : Huile sur toile
Mazeppa est un héros semi légendaire ukrainien, page à la cour du roi de Pologne dans la seconde moitié du XVIIe siècle, d’une grande sagacité et d’une grande beauté, qui parcourt l’Europe en quête d’aventure. Il inspire à Lord Byron un roman publié en 1818, qui sera une source féconde pour les artistes de la veine romantique, à commencer par Théodore Géricault qui le premier s’inspire du thème ; Victor Hugo également dans ses Orientales, poème qu’il dédie au jeune peintre Louis Boulanger.
Aujourd’hui encore peu connu, Boulanger connaît pourtant un grand succès dès l’âge de vingt et un ans en reprenant l’épisode du Supplice de Mazeppa dans une vaste composition de plus de cinq mètres de haut.
Un comte palatin découvre que le jeune homme a une intrigue amoureuse avec sa femme. Il le condamne à être attaché nu à un cheval et renvoyé ainsi en Ukraine, son pays natal. Lord Byron écrit : «Dans un accès de fureur je [Mazeppa] tordis ma tête et je brisai la corde qui liait mon cou à la crinière du cheval, et relevant mon corps à demi je leur lançai par des cris ma malédiction ». Par ce geste le héros annonce sa vengeance et le jour où « il ne reste[ra] pas une porte du château de ce comte, pas une pierre de ses fortifications, de ses créneaux, de ses barrières (…)».
Une grande force se dégage de cette peinture qui sait traduire le souffle du texte de Lord Byron avec une grande justesse : le jeu d’un fort clair-obscur jouant entre la pâleur du corps du jeune page et l’obscurité environnante, pour décrire la scène « au point du jour » ; les couleurs vives, la touche largement brossée, avec vigueur, pour traduire la violence générale de la scène, en particulier la terreur du cheval, prêt à partir au galop dans sa course effrénée ; le contraste entre la scène principale du supplice et la petite scène au-dessus, avec le comte et sa cour qui semblent se parodier eux-mêmes, suggère la victoire annoncée du héros.